Le but de ce numéro est de réfléchir aux transformations subies par le corps humain depuis le début de la pandémie. Nous assistons en effet à l’instauration de nouvelles règles comportementales (isolements forcés, distanciation physique, limitation des déplacements, dissimulation – désormais entrée dans les mœurs – d’une partie du visage, injections obligatoires, reconnaissance faciale et traçage des individus par le biais de machines, etc.) qui installent le corps humain dans une ambiguïté inédite : d’un côté, on le prend au sérieux puisqu’il s’agit de le guérir ou plus exactement de le protéger contre un ennemi extérieur (le virus SARS-CoV-2), de l’autre, il est totalement nié dans sa dimension relationnelle (autrui étant devenu un potentiel danger). Or, la pensée chrétienne, la philosophie de Lévinas ou encore l’expérience ordinaire affirment la nécessité du contact physique entre les personnes. Des corps humains isolés les uns des autres pour le bien de leur « santé » sont-ils encore véritablement humains ? L’intégrité de la personne humaine n’est-elle pas menacée par la rupture des relations des corps entre eux ? Quels enseignements devons-nous tirer, à propos de l’être humain, de ce qui ressemble fort à une révolution anthropologique ? N’est-ce pas la notion même de personne qui est actuellement redéfinie ?
Il s’agit ici de s’intéresser au corps humain et au devenir de la personne dans le contexte précis de cette révolution, à partir de divers questionnements : anthropologique et sociologique, philosophique, théologique, psychologique et historique. Des études de terrain aussi bien que des réflexions plus abstraites seront valorisées. L’objectif est de comprendre les enjeux concrets et existentiels des événements en cours.