Professeur chez Domuni Universitas
L’art et la
spiritualité sont intimement liés : tous deux cherchent à exprimer l’indicible.
Par la poésie, la musique ou l’image, l’artiste transmet une expérience
intérieure qui rejoint la quête spirituelle et ouvre à la rencontre de l’autre
et du divin.
Mots-clés : Art, Spiritualité, Artiste, Divin
La question
générale des rapports de l’art avec l’expérience spirituelle » peut se décliner
de plusieurs manières : l’art est-il en lien dès l’origine avec une expérience
de type spirituel ? La réalisation d’une véritable œuvre d’art n’est-elle pas
aussi une expérience spirituelle comme telle ? Et sa réception n’en est-elle
pas encore une autre ? Enfin, celui qui reçoit le message d’une œuvre d’art
n’est-il pas invité à son tour à créer ?
Mais on peut
inverser les termes : « L’expérience spirituelle et l’art ». Si l’expérience spirituelle
est première, l’art ne vient-il pas après, comme une conséquence naturelle de
la première, une sorte d’exigence intrinsèque à celle-ci, de se traduire en
forme artistique ? Ou comme une sorte de service que l’art peut rendre à
l’expérience spirituelle pour sa communication ? Le rapport à la théologie nous
permet de comprendre cela selon les expressions traditionnelles du Bien qui est
bonum diffusivum
sui, qui tend naturellement à se partager, à se diffuser.
On est là
dans le domaine de la communication. Le mot est devenu péjoratif depuis que l’on
parle de « com » pour désigner tout ce qui a trait à la publicité au sens très
large. La connotation est aujourd’hui celle d’une forme de pollution mentale
qui nous affecte tous. De même, nous sommes gênés par une sorte
d’instrumentalisation dont l’art serait l’objet de la part de l’expérience
spirituelle pour le message que celle-ci voudrait communiquer. Or l’art est
beau quand il est libre et gratuit. L’expérience spirituelle aussi… Comment
exorciser le spectre de la propagande (propaganda fidei)
et de l’intoxication ? L’art idéologue, qu’il soit stalinien ou mussolinien,
n’a pas laissé que des chefs d’œuvres !
Ces questions
nous concernent directement car les Prêcheurs sont supposés avoir un message à
transmettre et ils ne peuvent y renoncer sans se renier eux-mêmes. Ce message,
ils le communiquent sous différentes formes. Il y a l’enseignement de la
théologie : s’adressant à l’intelligence, l’œuvre est alors rationnelle. Il y a
la prédication. Celle-ci ne s’adresse pas seulement à l’intelligence mais aussi
au cœur et à l’imagination. Il faut avoir du « souffle », il faut communiquer
un certain enthousiasme, au sens plein du mot. Il y a aussi la forme artistique
(on pense en particulier à Fra Angelico, mais il ne faut pas oublier les
peintres d’icônes et les artistes en leurs disciplines variées, danse,
musique…). La prédication elle-même peut atteindre parfois la qualité d’une
œuvre d’art car les limites ne sont pas strictement tracées entre le poème
mystique du genre de la nuit obscure de Jean de la Croix, et une
prédication de certains Pères de l’Église comme celles qu’on lit le samedi
saint à l’office des ténèbres.
Revenons à ce
qui se vit quand l’art est premier. Nous pouvons distinguer plusieurs étapes où
une expérience de type spirituel peut être vécue sous des modalités diverses. A
la source de toute œuvre d’art se trouve une intuition qui est une forme
d’inspiration. Vient ensuite la réalisation, qui requiert une formation
technique, des aspects relationnels, économiques, le respect des limites du
réel. On peut suggérer ici une analogie avec l’Incarnation. Tout cela s’accomplit
avec un certain désir de communication d’une forme de joie, de beauté, ou d’horreur
suscitant un cri, de l’indignation… Il y correspond une soif, le souhait
profond d’être entendu, d’être compris. Vient alors la réception : le message
n’est pas intellectuel mais émotionnel, il s’adresse à la sensibilité et à
l’intuition du spectateur ou de l’auditeur. L’artiste attend une forme de
réciprocité « J’ai joué de la flute et vous n’avez pas dansé » disait Jésus avec
tristesse. En tout dernier lieu, et comme bouclant le cycle, vient parfois la
production d’une autre œuvre d’art de la part du récepteur. On pourrait
introduire l’analogie de l’envoi en mission. L’artiste ressent une forme de
vocation et il peut en susciter d’autres à son tour.
Dans cet
article, nous ne pourrons pas traiter toutes ces questions. Nous essaierons cependant
d’évoquer comment l’artiste se situe par rapport à l’expérience spirituelle.
« Ma foi est habitée de signes visibles, même si je n’ai pas besoin d’eux pour me
tourner vers le Dieu trois fois saint qui habite le monde et que la moindre herbe, la
plus petite fourmi, en manifeste la présence réelle. Mon travail, s’il est habité lui aussi,
doit pouvoir transmettre cet appel de Dieu, le mendiant de l’amour des hommes, par
ces quelques signes émis et qui, plus qu’une affirmation, témoignent d’une
mystérieuse présence qui attend des hommes qu’ils répondent à cet appel en toute
liberté. C’est, je crois, devenu ma vocation profonde. « Diacre de la lumière, m’a dit
un jour un ami cher, voilà ce que tu dois être ». J’essaie de ne pas trop y faire écran et
mon
œuvre est au moins empreinte de ce désir.[1]»
Le mystique
authentique n'est pas intéressé par l'esthétisme mais par Dieu et ainsi par la beauté.
Avant tout, il souhaite communiquer aux autres ce qu'il vit. Le plus souvent,
il le fait en écrivant. Il peut être peintre et réaliser des icônes ou des
peintures (fra Angelico), architecte ou sculpteur, mais c'est dans l'écriture
que se transmet de manière privilégiée l'expérience vécue. C'est dans « Les
Écritures » que se dit et s'éprouve l'expérience de Dieu. L'Écriture partagée
et commentée est la Parole de Dieu (mais pas le livre !). « Nous sommes le
peuple de la parole, pas le peuple du livre », disait un juif. Et il ajoutait :
l'Écriture est un prétexte, au sens de texte préalable à la parole vive. Les «
couleurs de Dieu » sont aussi dans les textes. Pour situer l’expression
picturale comme expérience du beau et comme expérience de Dieu, il peut être bon
de la relier à l’expression littéraire qui, pour l’expérience spirituelle, est
un lieu privilégié. Et il y a tout d’abord le silence. A quoi peut-il
correspondre dans l’ordre pictural ? Peut-être à la lumière pour le maître
verrier ? Cette lumière qui ne se laisse voir que lorsqu’elle est diffractée en
différentes couleurs ou qu’elle met en valeur un objet ?
Il faut un
espace, un intervalle.
« Intervalle : béance, blanc, coupure,
distance, écart, fente, manque, interstice,
intertexte,
vide d'ordre spatial ou temporel. L'intervalle est une condition nécessaire
pour qu'une
parole advienne et se fasse entendre, pour qu'un poème ou une musique
se structure,
pour qu'une coprésence se produise et se maintienne, pour qu'une
interprétation recrée le sens d'un texte. Les bouche-à-bouche, les gribouillages ou les
bruits, les corps à corps, les littéralismes sont la mort des significations, c'est-à-dire
de l'existence humaine comme telle. L'intervalle est ce rien sans lequel tout le reste
s'indifférencie
dans un ennui mortel.[2]
»
L'intervalle
est une condition nécessaire, écrit A. Godin. Il permet que la parole advienne,
sous forme de poème, de musique, dit-il... Il y a donc un intervalle entre
l'expérience et l'expression, tout comme il y a un espace entre ce qui fait
l'objet (ou le Sujet !) de l'expérience et celui qui l'éprouve. « L'interdit
permet de dire » aiment à répéter les psychanalystes, l'intervalle permet aussi
l'expression de l'expérience mystique qui se prolonge. Il est différence, espace
qui sépare et unit, décalage temporel qui permet la mémoire du cœur, et
l'actualisation par l'écriture et la pensée. L'intervalle permet les relectures
et la sédimentation des différentes interprétations.
Au creux de l’espace ainsi ouvert par l’intervalle, il y a toute la place de la mémoire. La Bible n'est pas autre chose que la mémoire et le souci de transmission d'une génération à l'autre de l'expérience vécue par un homme, un groupe ou un peuple tout entier. Il y a tout d'abord quelque chose, que nous appelons l'expérience de Dieu, qui n'est que rarement mis par écrit rapidement, qui est médité, réfléchi, interprété, une fois, deux fois, de nombreuses fois et passé par le prisme des lectures différentes que donnent des situations existentielles différentes. La même aventure se trouve racontée plusieurs fois, de différentes façons, comme avec des éclairages et des angles de vue multiples et complémentaires, voire même parfois apparemment contradictoires en rigueur de terme. Les évangiles nous présentent des messages du Ressuscité qui ne sont pas réductibles à un seul récit. Il n'est pas possible par exemple que celui-ci appelle à la fois les disciples à rester à Jérusalem pour recevoir l'Esprit et qu'il leur donne au même moment rendez-vous pour le retrouver en Galilée, au carrefour des nations, là où il est allé les précéder. Comme le présentent certains exégètes, les disciples ont été impressionnés par Jésus, tout comme une plaque photographique exposée et impressionnée au moment où la photo est prise. Ensuite se produit la phase de la révélation, par le passage en différents bains révélateurs. Cette phase est celle de l'après, de la vie concrète, où émergent les questions et se formulent des réponses. Finalement la rédaction intervient, comme un montage de diapositives après un voyage, différent selon le caractère, la culture, le style de chacun. Ce qui a été vécu pour la rédaction des évangiles est vécu, analogiquement pour toute expérience religieuse.
L'écriture
est un lieu d'interprétation et de guérison. Parfois l'événement est
traumatisant et l'on ne sait pas encore en lire le sens. Il est alors tout
d'abord simplement évoqué, comme en passant, sans plus d'explication, comme
dans le cas de la mort du roi Josias, un roi juste et prometteur, tué trop tôt
dans une bataille qui plonge le peuple dans l'effroi. On y revient par la suite,
avec du recul, et par petites touches, comme pour cicatriser la blessure, au
fur et à mesure que l'on parvient à lire du sens dans ce qui paraissait
absurde, à l'état brut. L'écriture permet de creuser, d'aller plus profond,
dans la mémoire et dans l'épaisseur du sens. L'écriture permet de revivre
certains faits, en ce qu'ils ont de permanent, de structurant, de fondateur
pour le groupe en son identité. L'écriture permet d'assimiler et de
s'approprier ce qui semble tout d'abord indigeste, insoutenable, et qui, peu à
peu, se manifeste comme essentiel et déterminant. Dans la représentation
picturale, ce phénomène s’est produit pour la croix. Il a fallu plusieurs
siècles pour que les chrétiens parviennent à exorciser l’horreur que cet
instrument de supplice leur inspirait et, finalement, la croix se porte avec
fierté comme un bijou autour du cou.
L'écriture
est un lieu où se creuse l'expérience de la Rencontre et où naît la Parole.
Pour le mystique, l'écriture, parce qu'elle ralentit la pensée, est aussi le
lieu d'une visite plus intense encore que le fait immédiat. Par le poids des
mots et la permanence de l'écrit, elle scelle une Parole qui engage
définitivement (« verba volent, scripta manent »). Le psaume ou le poème, au
moment où on l'écrit, est l'espace d'une aventure, d'un risque, d'un saut. Il
ne s'agit plus seulement d'un cri, il s'agit d'un appel que l'homme lance en
son nom mais aussi au nom de toute l'humanité, en prenant les autres à témoin.
Le choix des mots et des images, fait partie intrinsèque de l'expérience vécue.
L'écriture peut être elle-même le lieu de la rencontre et de la surprise, le
lieu où se scelle une alliance, le lieu de la création d'une œuvre et d'une
histoire, le lieu d'une libération, le lieu de l'avènement d'une réponse. On
pourrait retrouver ce cheminement spirituel dans les esquisses que font les
grands peintres. Quand Matisse dessine son chemin de croix dans la chapelle de
Vence, il effectue lui-même tout un chemin avant de proposer les lignes
épurées, en noir et blanc, qui ornent le mur de sa chapelle. Ce chemin n’est pas
seulement esthétique, il est aussi tout intérieur.
Il y a un
langage spirituel. Et H. Bergson estime que le langage imagé est une expression
plus directe de l'expérience que le langage abstrait : « Ne soyons pas dupes
des apparences : il y a des cas où c'est le langage imagé qui parle sciemment
au propre, et le langage abstrait qui parle inconsciemment au figuré. Dès que
nous abordons le monde spirituel, l'image, si elle ne cherche qu'à suggérer,
peut nous donner la vision directe, tandis que le terme abstrait, qui est d'origine
spatiale et qui prétend exprimer, nous laisse le plus souvent dans la
métaphore.[3]»
L'expérience
elle-même est symbolique : C'est ce que Georges Morel notait à propos de saint
Jean de la Croix : « Ce que nous désignons par symbole n'est pas un élément
accessoire, une sorte d'ornement destiné à rehausser l'éclat de l'œuvre ; il
est au cœur même de cette œuvre, à tel point qu'il y a identité entre les deux
formules suivantes : expérience mystique et expérience symbolique.[4]
»
Le mystique
est affronté à un problème insoluble : rendre compte d'une expérience qui dépasse
le langage. Image ou concept, l'expérience est toujours intraduisible, aussi M.
Blondel, à propos du mysticisme, a-t-il montré que le mystique se situe au-delà
du discours : « Ce qui semble propre (...) aux états dits mystiques, c'est
d'une part la dépréciation et comme l'effacement des symboles sensibles et des
notions de la pensée abstraite et discursive ; c'est d'autre part, le contact
direct et l'immédiation de l'esprit avec la réalité possédée à même.[5]
»
Le langage
spirituel relève de l'amour plus que de l'être. Dès que l'on cherche à traduire
dans le registre de l'être l'expérience amoureuse, elle devient suspecte. Et
c'est le drame des mystiques d'être souvent incompris des théologiens et
parfois condamnés comme hérétiques pour leur audace de langage. L. Massignon, à
propos des mystiques musulmans, reconnaît ainsi que : « le lexique des
mystiques n'est pas ontologique mais affectif.[6]»
Le langage
spirituel exige un décodage. Si l'on ne cherche pas le sens caché des écrits mystiques,
on s'expose à commettre des contresens. Charles Journet remarque que saint Jean
de la Croix a pris soin de commenter lui-même théologiquement les poèmes
mystiques afin d'être son propre exégète : « Que fera saint Jean de la Croix
théologien, sinon expliquer les métaphores de saint Jean de la Croix poète ? [7]»
Le langage
spirituel est capiteux et les images qu'il utilise sont captivantes. Pour le
lecteur, elles deviennent alors des écrans au lieu de jouer leur rôle de
relais. Ces images peuvent duper celui-là même qui les emploie. Utiliser
l'image pour exprimer sa propre expérience, c'est faire appel à l'imagination.
Or l'imagination peut parfois créer l'image sans qu'il y ait une expérience réelle.
En croyant sincèrement évoquer une expérience, on peut ne projeter que ses
désirs ou ses peurs. On imagine une présence pour se consoler de l'absence. On
imagine un dialogue pour combler le silence. A trop souvent raconter ses
aventures mystiques on finit par croire que « c'est arrivé » : ce qu'on a lu
dans les ouvrages de spiritualité devient la matière de sa propre pseudo-expérience.
En mystique, le risque est grand de se payer de mots. Le secrétaire d'une mystique
risque toujours d'être spirituellement séduit et subtilement fier de devenir le
confident du « secret du Roi » et l'« ami de l'Époux
». Il doit être particulièrement prudent dans l'exégèse du texte qu'il rédige :
il peut, même à son insu, soit y ajouter de son cru, soit exercer une censure maladroite.
Il suffit d'évoquer Raymond de Capoue auprès de Catherine de Sienne, saint Jean
Eudes auprès de Marie des Vallées, Clément Brentano auprès de Catherine
Emmerich, Urs von Balthazar auprès d'Adrienne von Speyr.
Certains
commentateurs de la peinture peuvent cependant créer à leur tour de véritables œuvres
d’art. Malraux en est un exemple dans ses livres sur la peinture et la
sculpture mondiale, Paul Baudiquey a aussi excellé
dans sa méditation sur les œuvres de Rembrandt. Alors le commentaire lui-même
devient chef d’œuvre.
Les langages
spirituels sont convergents. Bergson confiait à J. Chevalier : « La convergence
surprenante des témoignages (des mystiques) ne peut s'expliquer que par l'existence
de ce qu'ils ont perçu[8]
». Le langage spirituel est répétitif. Même si l'expérience est toujours
personnelle, elle s'exprime avec des thèmes déjà utilisés. J. Maritain
déplorait le caractère stéréotypé de la littérature mystique : « Terrible
rhétorique des lieux communs mystiques.[9]
» Et, dans une lettre à C.G. Jung, S. Freud décelait chez les mystiques le
réemploi symbolique des complexes usés : « Il semble que vous ayez résolu
l'énigme de toute mystique, laquelle repose sur l'utilisation symbolique des
complexes mis hors service. »
Le langage
spirituel est paradoxal. Les mots ordinaires ne peuvent exprimer une expérience
proprement inexprimable, aussi le mystique utilise-t-il la négation plutôt que l'affirmation
: la théologie apophatique ou négative permet de n'être pas piégé par une comparaison
trop positive. René Laurentin met en évidence, chez Bernadette Soubirous, le souci
de ne pas employer des termes du langage courant afin d'éviter la confusion : «
Les mystiques, cultivés ou non, évoquent parfois la lumière de Dieu en termes
de nuit et son existence transcendante en termes de néant. Cela procède d'un
souci de ne pas exprimer de manière vulgaire et inadéquate ce qui est tout
autre[10]
».
Le silence
vient alors comme une reconnaissance des limites du langage. Il s'agit de dire l'indicible,
d'exprimer l'ineffable... « Que ta langue ne prononce aucune parole, quand tu
vas te mettre en prière[11]».
Evagre magnifie le silence, mais il éprouve quand
même le besoin de le dire ! Peut-on comprendre les mystiques sans percevoir ce
combat qu'ils mènent sans cesse pour dépasser les limites du langage, pour
jouer avec toutes ses ressources, afin d'exprimer l'inexprimable ? Sainte
Thérèse, vaincue par cette lutte, pousse un cri : « Ô mon Dieu, que n'ai-je
assez de talent, assez de science, et un langage nouveau, pour exalter
vos œuvres[12]
». Il faut donc inventer un nouveau langage et celui qui correspond le mieux,
est le langage poétique, qui utilise des paradoxes, des images, éventuellement
qui peut se contredire dans les termes.
Une école du
bouddhisme zen utilise les koans afin de faire
progresser les disciples dans la voie. Ce sont de courts poèmes très
énigmatiques qui font buter la pensée comme sur un roc. On ne peut « comprendre
» les koans de manière rationnelle car
ils marquent justement la fin de toute pensée logique, pour ouvrir celui qui
les médite à l'expérience mystique au-delà de la raison (qui est encore une «
illusion du moi).
Il faut
essayer d'entendre et de comprendre quelle expérience est transmise à travers
un langage et des concepts toujours déficients, en se rappelant que le mystique
va parfois jusqu'au bout d'une image, jusqu'aux conséquences ultimes d'une
pensée ou d'une intuition, quitte ensuite à la corriger par une image opposée
ou un autre développement. Le pire serait de sortir une proposition ou une
phrase de son contexte et la déclarer « hérétique », comme l'Église catholique
l'a fait pour Maître Eckhart[13].
Des propositions sont ainsi « absolutisées » et déclarées « non conformes à la
foi catholique ». Il y a là une sorte de confiance naïve dans le langage, qui
serait à même de « dire toute l'expérience » en une formule adéquate. Le
mystique, quant à lui, est toujours le témoin d'une inadéquation à l'expérience
spirituelle.
Angelius Silesius, est capable de
dire une intuition dans un distique, et quasiment le contraire dans un autre,
ce qui lui permet d'échapper à toute synthèse, à tout système, à toute construction
close. Il a aussi le goût des « formules limites », seul moyen de permettre au
lecteur de sortir de sa torpeur et de son enfermement dans ses habitudes de
pensée, pour le conduire sur la voie de l'expérience mystique. Bernard Gorceix
écrit, au sujet du style de Silesius, ces propos qui
pourraient être affirmés pour la plupart des mystiques : « A chaque fois et
toujours de nouveau, il essaie de porter sa réflexion à l'extrême, de la tendre
autant que possible, la résumant, la condensant, afin certes d'attirer, voire
de choquer le lecteur, mais surtout afin de lui suggérer la nouveauté radicale,
le caractère véritablement bouleversant de l'union mystique »[14].
***
D’où vient le
souci permanent de communication ? Il est de saine ecclésiologie de dire que
les charismes sont pour le corps du Christ en sa totalité : pour l'Église et
non pas seulement pour le sujet qui en est « doué ». Tout ‘don’ est donc `à
donner' ! En serait-il autrement pour la société ? « On n'est pas poète au sens
fort seulement pour soi, mais pour le public : le don poétique correspond dans
l'ordre naturel à ce qu'est le don prophétique dans l'ordre surnaturel.[15]»
Paul Valéry
écrit dans le même sens, rapprochant, sans le dire, le poète du prophète : « Un
poète - ne soyez pas choqué de mon propos - n'a pas pour fonction de ressentir
l'état poétique : ceci est une affaire privée. Il a pour fonction de le créer
chez les autres... Il change le lecteur en « inspiré ». L'inspiration est,
positivement parlant, une attribution gracieuse que le lecteur fait à son
poète.[16]»
Tout commence
avec le courage de se laisser émouvoir. Le poète cherche à communiquer l'émotion
qu'il ressent, il n'a pas à être clair. Pour être profond, il lui arrive d'être
obscur, ténébreux : « La clarté est bonne pour convaincre ; elle ne vaut rien
pour émouvoir. La clarté, de quelque manière qu'on l'entende, nuit à
l'enthousiasme. Poètes, parlez sans cesse d'éternité, d'infini, d'immensité,
des temps, de l'espace, de la divinité, des tombeaux, des mânes, des enfers, d'un
ciel obscur, des mers profondes, des forêts obscures, du tonnerre, des éclairs
qui déchirent la nue. Soyez ténébreux[17]
».
Les auditeurs
ou lecteurs doivent accepter de recevoir ce qui est transmis, à savoir l'émotion
personnelle d'abord, et non pas le contenu intellectuel plus ou moins cérébral,
abstrait et impersonnel : « Ayez donc le courage de vous laisser charmer,
surprendre et émouvoir sans toujours vous demander quelle est l'idée proposée.[18]
»
Au
commencement étaient les mots, pas les idées. Dans l'écrit poétique comme dans l'écrit
mystique ce n'est point tant les idées qui comptent,
c'est bien plutôt l'impression produite par le rythme, la rime et les images.
C'est le secret du mystique et du poète de charger les mots les plus connus de
résonances et d'harmoniques. Il en va de même en musique : la somptuosité de la
musique d'opéra rachète souvent la pauvreté du livret. Trois poètes expriment
cette vérité chacun à leur manière : « Une hérésie (en poésie) : se figurer que
le but de la poésie est un enseignement quelconque... Si le poète a poursuivi
un but moral, il a diminué sa force poétique[19]».
« La poésie : un holocauste de mots[20]».
« Degas dit un jour à Mallarmé : « votre métier est infernal. Je n'arrive pas à
faire ce que je veux (un poème) et pourtant, je suis plein d'idées ; » Et
Mallarmé lui répondit : « Ce n'est point avec des idées, mon cher Degas, que
l'on fait des vers, c'est avec des mots.[21]»
Les mots
auraient donc leur propre dynamisme, différent de celui des idées ou du projet pensé,
comme les couleurs dans le tableau, avec lequel le peintre, tout comme le poète
doit composer. « C’est un verbomoteur » disait le cardinal F. Marty d’un frère
prêcheur, comme pour l’excuser « sa parole va au-delà de sa pensée ! » « Mais
pourquoi la Parole n’irait-elle pas au-delà de la pensée ? » s’écria
l’intéressé quand on lui rapporta ces propos ! Tout est là en effet, et la
question n’est pas tant celle de situer la réflexion par rapport à l’expression
que celle du contrôle de la parole et de la communication. Le Verbe est-il
humainement contrôlable ? Amos dit le contraire. Le Réel n’est-il pas le plus
souvent du domaine de ce qui nous échappe ? « On en viendrait à définir la
poésie comme un majestueux lapsus de la Parole.[22]»
« Quand la Parole me prend » était le titre d'un sermon. Il est davantage
mystique que théologique, il donne à percevoir ce que peut être l'enthousiasme
du prêcheur et du prophète. « Je suis le premier auditeur de ma parole » disait
aussi saint Augustin (cité par Congar, en un lieu
dont j'ai perdu la référence). Il y a le jeu de l'inconscient dans le lapsus,
mais l'inconscient, suivant Lacan, est structuré par le langage et,
bibliquement il se rapproche de ce qui est désigné comme le « cœur ». « Parler
d'abondance du cœur », c'est ne pas parler de la tête, c'est se « laisser dire
» des choses non maîtrisées, non contrôlées, d'où « se dire », se dévoiler, se
confier. C'est une parole plus personnelle encore que la parole contrôlée, elle
est révélatrice d'une réalité cachée et nouvelle que découvrent à la fois
l'auditeur et celui qui parle. « La vérité sort de la bouche des enfants »
dit la sagesse populaire, parce que les enfants n’ont pas la retenue des
grandes personnes par rapport à certaines vérités refoulées. Si le bien que
l'on fait, le plus souvent, on le réalise à son insu, n'en est-il pas de même
dans la parole vive : elle rejoint au cœur l'interlocuteur quand elle nous
échappe ...
Il reste
cependant que les improvisations les plus réussies sont toujours celles qui ont
été les mieux préparées. L'homme est culture et quand il improvise, c'est au
terme d'un apprentissage long et difficile. Le naturel lui advient comme une
seconde nature, plus naturelle que la première s'il est vrai que « la nature de
l'homme, c'est l'artifice[23]».
Il faut une longue patience et une bien profonde ascèse pour parvenir à cette «
seconde naïveté » où l'on se laisse parler d'abondance du cœur en trouvant les
mots et les images les plus appropriées à l'interlocuteur ! On peut alors rire
de ses propres lapsus, le chemin de leur éclosion a été préparé...
Boccace
affirme que toute théologie authentique est poésie : « Je dis que la théologie
et la poésie quasiment se peuvent dire une seule et même chose, si le sujet est
un. Davantage, je dis que la théologie n'est rien d'autre qu'une poésie de
Dieu. Et qu'est-ce donc, sinon poétique-fiction, dans l'Écriture, de dire que
le Christ est lion, agneau, ver, tantôt dragon et tantôt pierre ? » Paul
Claudel le dit en un mot : « Arthur Rimbaud fut un mystique à l'état sauvage.[24]»
Il est
amusant de penser que pour certains théologiens classiques, l’état sauvage
selon Claudel correspond justement à ce qu’ils appellent, eux, l’état « naturel
» … La question de la nature et de la surnature, le statut de la nature par
rapport à celui de la culture, supposent que le vocabulaire soit défini et
cette définition révèle bien des présupposés !
« La poésie,
mon Dieu, c'est vous[25]
» Cette exclamation en dit long. De fait, si la poésie est création, Dieu est
le premier poète, et l'on peut remarquer qu'il ne manque ni de fantaisie ni d'imagination.
En revanche, il convient de percevoir que l'œuvre n'est pas terminée, qu'elle
est conçue comme en permanente évolution. C'est une création « au carré », dans
la mesure où il y a création de créateurs ! « (L'expérience poétique relève) de
ces états naturels, profanes, où l'on peut déchiffrer les grandes lignes,
reconnaître l'image et déjà l'ébauche des états mystiques[26]».
« Appel à l'unité, descente aux régions où le moi se renonce en faveur d'une
présence qu'il perçoit en lui, action efficace de l'image, on ne peut se
défendre d'abord de constater de singulières ressemblances entre ces
définitions (de la poésie) et celles qu'il est possible de donner de la
mystique.[27]
»
Le poète
serait-il donc un mystique raté ? Henri Brémond le prétend : « L'activité poétique
est une ébauche naturelle et profane de l'activité mystique (...) ébauche
confuse, maladroite, pleine de trous et de blancs, tant qu'enfin le poète ne
serait qu'un mystique évanescent ou qu'un mystique manqué. » (Prière et
poésie, p. 208). Ce contre quoi protestait Raïssa Maritain qui, tout en
distinguant les deux genres, percevait en eux de subtiles relations. Après
s'être interrogée sur le bien-fondé de ce « voisinage », elle s'y ralliait
elle-même en termes poétiques : « La ressemblance est-elle si parfaite qu'il
faille effacer toute frontière entre la mystique et la poésie, et faire de
celle-ci le vase privilégié des ambitions spirituelles ?... Il est étrange, si
poésie et mystique se confondent... que tous les poètes aient le sentiment de «
ce grand échec qui se perpétue » et dont parlait jadis Aragon[28]».
« ...Il faut croire, puisque les poètes affirment avoir découvert dans leurs
investigations ou divagations nocturnes un Royaume plus grand que le monde,
qu'un Ange se plaît parfois à faire chavirer leur barque, de quoi prendre un
peu « de cette eau » dont parle l'Évangile, pour qu'ils ne s'en aillent pas
sans quelque inquiétude et quelque grand et mystérieux désir[29]».
Ainsi Raïssa Maritain reconnaît le désir commun à la poésie et à la mystique,
qui fait que la première peut donner l'impression d'échec, alors que la seconde
accepte son incapacité à s'auto-satisfaire. La poésie serait une sorte de
sécularisation de la mystique ou sa composante tournée vers la terre. « Une
bonne partie de l'Ancien Testament est écrite dans un esprit d'exaltation et
avec enthousiasme et appartient au domaine de la poésie.[30]»
« Plus c'est
poétique, plus c'est vrai ![31]
» Il est d'usage de considérer la poésie comme un rêve doux et non réaliste,
une sorte d'évasion, par le primat donné à l'imagination. Mais pourquoi la
réalité, telle qu'on la voit aujourd'hui, serait-elle normative en un monde où
tout est précaire, change et se renouvelle sans cesse ? La foi permet de
percevoir ce qui n'est pas visible encore et de l'espérer activement. La poésie
peut être cette espérance têtue qui dit un autre monde possible et en voie de
réalisation. Elle devient alors la force même de cette transformation.
Étymologiquement, poésie vient du verbe faire, accomplir, créer. La poésie est à
faire, tout comme la vérité !
« L'écrivain
sublime a du souffle, l'écrivain spirituel est un souffle ![32]»
Ainsi la mystique doit franchir un triple seuil. Celui du langage : Le Père Varillon voyait un même dépassement du langage dans la
poésie et dans la mystique : « La poésie est un dépassement du langage et la mystique
également. Seulement, la mystique est-elle un dépassement ?[33]».
Celui du conformisme que comporte toute institution : « Devient mystique ce qui
se détache de l'institution[34]».
Dépassement de la raison, car le mystique, en transgressant, risque la folie :
« Il est dans la nature de la mystique d'appartenir à la transgression »[35].
On a souvent fait observer que chez le mystique et le poète, comme chez
l'enfant, le primitif et le fou, la raison n'a plus le contrôle de
l'imagination. Aristote constatait que l'épopée peut enfreindre les lois de la
raison : « Dans l'épopée il est possible d'aller jusqu'à l'irrationnel (alogon) » (Poétique, 1460 a.). « La poésie
est chose inspirée »[36].
Quant aux poètes, il les jugeait soit bien doués dans leur technique poétique,
soit exaltés : « L'art de la poésie appartient à des hommes naturellement bien
doués ou à des hommes exaltés : dans le premier cas ils sont aptes à se
façonner à leur gré en personnages, dans le second ils aptes à s'abandonner au
délire poétique » (Poétiques, 1455 a.). A s'émanciper du contrôle
de la raison, le mystique et le poète peuvent tomber dans la folie. Shakespeare
écrit à ce sujet : « Les amoureux, les fous ont des cerveaux bouillants, des fantaisies
visionnaires qui perçoivent ce que la froide raison ne pourra jamais
comprendre. Le fou, l'amoureux et le poète sont tous faits d'imagination »[37].
Comment quelqu'un comme S. Freud, qui s'est tant intéressé à l'inconscient,
a-t-il pu déclarer « La mystique m'est aussi fermée que la musique »[38]?
Celle-ci, comme la musique et la poésie, est un monde où ne peuvent accéder les
esprits trop analytiques. « Ce n'est qu'à l'aide du symbole que l'on peut pénétrer
le mystère de Dieu.[39]»
Nous nous
retrouvons ici, devant le silence. Le silence est nécessaire, mais il est à dépasser,
comme le disait magnifiquement saint Augustin. « Que peut-il dire, celui qui
parle de Toi ? Et pourtant malheur à ceux qui se taisent de Toi car, en
parlant, ils sont muets ». Le proverbe dit que si la parole est d'argent, le
silence est d'or, pour un judéo-chrétien, c'est l'opposé. Mais le silence est
nécessaire à la parole. Il en est le socle. « Le silence est le père des prêcheurs
» dit-on dans l'Ordre du même nom. « Notre vie chrétienne repose sur la Parole.
Mais il existe un en - deçà et un au-delà de la Parole, et c'est le silence. Si
dans une vie d'homme, il n'y a pas la caisse de résonance du silence, la parole
ne sera que bavardage. Comme la musique, la parole ne prend son relief et son
poids que sur un fond de silence. Il est l'en-deçà qui prépare à l'écoute. Mais
on traverse la parole et elle vous renvoie à un au-delà, elle vous projette
vers un Autre qui en est la source, celui que Jésus appelle le Père, qui est le
mystère même de Dieu. Là, toute parole éclate, le langage est démuni. A
l'intérieur du dire sur Dieu, il y a donc le silence : car ce que je ne sais
pas sur lui est plus important que ce que je sais. C'est un peu comme devant un
tableau, un spectacle de la nature. On peut détailler, analyser, puis, c'est le
silence, on est dans l'indicible, on ne peut que contempler. En définitive, on
ne peut pas "arraisonner" Dieu, on ne peut pas mettre la main sur
lui. Ainsi, au cœur de la foi et de la prière, dans le silence, je vis ce que
les mystiques appellent "l'inconnaissance de Dieu" »[40]
Plus
radicalement, il y a une critique qui soupçonne certaines déclarations qui
mettent à distance et surtout objectivent une expérience trop intime pour
pouvoir être racontée sur le mode du discours. « Les théologiens ne croient pas
en Dieu : la preuve c'est qu'ils en parlent » écrivait J. Lacan. « Si nous
étions vraiment unis à Lui, nous n'aurions jamais osé parler de Lui, voyant que
tout en Lui est indicible » écrivait déjà Syméon le Nouveau Théologien[41].
« Ceux qui
disent voir ne voient pas, parce que ceux qui voient ne disent rien » (Dicton
hindou). Si le désir de connaître Dieu n'est pas davantage qu'une vaine
curiosité intellectuelle, il ne respecte plus le mystère de Dieu. Scandalisés
ou ironiques, bien des hommes de foi ont critiqué des théologiens : ils en
savent vraiment trop sur Dieu ! «« Il y a des théologiens qui parlent du bon
Dieu comme s'ils avaient pris le café avec lui. »[42]
« Sermon bourré de théologie. Ce théologien s'exprime comme un vieux serviteur
fidèle qui a connu Dieu tout petit et l'aide tous les matins à s'habiller de
dogmes. Dieu se reconnaît-il dans le miroir que son serviteur lui tend ?[43]
» « Que doit penser Dieu quand il lit un traité de théologie ? Mais Dieu ne
sait pas lire. ».
« Je demande
pardon à Dieu d'avoir essayé de Le dire »[44].
« ... tout cela n'est que de l'orgueil ; nous ne mettons pas plus de
pudeur et de vergogne à parler de Dieu qu'un savetier à discuter de son cuir »[45].
Déjà saint Irénée s'était moquée de cette prétention : « Quand les Gnostiques
racontent les générations divines, on dirait, à entendre leurs affirmations,
qu'ils ont fait l'accouchement.[46]»
La philosophie et la mystique parlent volontiers du « Dieu inconnu » tandis que la Bible parle du « Dieu caché ». Il y a plus qu'une nuance entre les deux expressions. Dieu est considéré comme inconnu soit à l'issue d'une démarche rationnelle, soit à l'issue d'un itinéraire spirituel ; tandis que Dieu se révèle lui-même comme caché, c'est-à-dire imprévisible dans son action et toujours au-delà des idoles visibles.
« Si vous aviez vu Dieu, que serait-il arrivé ?
(…) Il serait mort.
Si l'on voit Dieu, il meurt (...)
Il meurt pour
s'être laissé voir. »[47]
A notre
époque la question qui intéresse les théologiens s’est déplacée ainsi que la manière
de l’aborder.
[1] Henri Guérin, Séminaire « L’artiste et le divin »
[2] André Godin, op. cit., p267
[3] Les deux sources de la morale et de la religion, PUF, 1942
[4] « La structure du symbole chez saint Jean de la Croix », dans « Le symbole », Recherches et débats, n° 29, 1959, p. 66
[5] Remarques sur le mot « Mysticisme » dans le Vocabulaire de la Philosophie de Lalande
[6] L'expérience mystique et les modes de stylisation littéraire, Le Roseau d'or, XX, 1927, p. 171
[7] Introduction à la théologie, DDB, 1947, p. 58
[8] 8 mars, 1932, (J. Chevalier, Entretiens avec Bergson, Plon, 1959, p. 152-158.)
[9] Etudes carmélitaines, octobre, 1938, p. 125
[10] Vie de Bernadette, Le livre du Centenaire, DDB, 1978, p. 56
[11] Evagre le Pontique (fragment conservé en syriaque (Orientalia christiana, XXX, p. 50). cité par Olivier Clément, dans Sources p. 168)
[12] Ste Thérèse d'Avila : vie écrite par elle-même, p.264
[13] Cf. la « bulle de Jean XXII, où sont condamnés 28 articles de Maître Eckhart » (in traités et sermons, p. 407-415)
[14] In : Bernard GORCEIX, Flambée et agonie. Mystiques du XVII è siècle allemand, Sisteron, Ed. Présence, 1977, p.253
[15] H. Brémond, Prière et Poésie, Grasset, 1926, p. 169
[16] Dans Oeuvres, Gallimard, « Pléiade », t.I, p. 1321 (Poésie et pensée abstraite)
[17] Diderot, Salon de 1767, Vernet
[18] Goethe, Divan oriental-occidental, Aubier, 1940
[19] Baudelaire, Notes nouvelles sur Edgar Poe
[20] G. Bataille, cité par J.P. Sartre, Situations, I, p. 209
[21] P. Valéry « Poésie et pensée abstraite », dans Œuvres, « Pléiade », t.I, p. 1324
[22] G. Bachelard, Poétique de la rêverie, PUF, 1960, p.3
[23] E. Mounier
[24] Paul Claudel, Préface aux œuvres de Arthur Rimbaud, Mercure de France, 1929, p. 3
[25] Jean Cocteau, Orphée, Stock, 1927
[26] P. de Grandmaison, dans les Etudes, 5 mai 1913, p. 314
[27] Albert Béguin, L'âme romantique et le rêve, José Corti, 1986
[28]
Situation de la poésie, DDB, 1938, p. 65
[29] Id., p. 72
[30] Goethe, Divan oriental-occidental
[31] Novalis, Œuvres complètes, trad. A. Guerne, 1975, t. II, p. 80 et 137)
[32] Ch. du Bos, dans Vigile, ler cahier, Grasset, 1930, p. 240
[33] Beauté du monde et souffrance des hommes, Centurion, 1980, p. 334
[34] M. de Certeau, La fable mystique, Gallimard 1982, p. 116
[35] Guy Rosolato, « Présence mystique », Nouvelle Revue de Psychanalyse, 22, 1980, p. 5, Gallimard
[36] Aristote, Rhétorique, III, 7
[37] Le songe d'une nuit d'été, V, 1
[38] Lettre à R. Rolland, 20 juillet 1929
[39] Nicolas Berdiaev, Esprit et Liberté
[40] J.P Lintanf. o.p. in "Prier" n° 64
[41] Hymne divine, 42, Homélie 31 du Codex de Patmos. Serguiev Possad, 1917, p. 198
[42] Albert Schweitzer, cité par Henri Babel, Schweitzer tel qu'il fût, La Baconnière, 1970, p.13
[43] Marie Noël Notes intimes, Paris, Stock, 1959, p. 130
[44] Dom Delatte, De l'union expérimentale : opuscule inédit communiqué par Dom Génestout
[45] Martin Luther, cité par J. Lortz, La réforme de Luther, Paris, Cerf, 1970
[46] Adv. Haereses, IV, 33, 3, SC, n° 100, 1965, p. 810-811
[47]
Jean Cocteau La fin du Potomak, Paris,
Gallimard, 1939, p. 57